PAR : Gordon Margery
Pasteur à la retraite, Église protestante baptiste de Faremoutiers

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Christopher Short, Chris pour les intimes, est né en Angleterre en juin 1946. Ses grands-parents paternels étaient missionnaires en Afrique du Nord ; son père, directeur adjoint d’une école privée aux origines chrétiennes, était engagé dans l’Assemblée de Frères larges de Caterham, au sud de Londres. C’est son père qui, un jour, lui a parlé du plan de Dieu pour le salut et qui l’a conduit à se donner à Christ ; c’est son père qui l’a préparé pour le baptême, en 1960.

Il découvre la France en 1963, lors de l’une des premières campagnes d’Opération Mobilisation (OM). Son appel missionnaire se confirmant, il passe trois années au Birmingham Bible Institut, de 1966 à 1969, puis vient en France, toujours avec OM, pour un ministère qui deviendra celui d’une vie.

Photo Chris et Geneviève Short

OM à l’époque, ce sont des équipes d’évangélisation l’été et le reste de l’année des équipes au service de petites Églises naissantes et de projets d’implantation. La passion de Chris pour l’annonce de l’Évangile, son sens de l’organisation, sa capacité à motiver d’autres font de lui un chef d’équipe apprécié et, très rapidement, un membre du staff permanent. Après deux années dans la région parisienne, Chris descend dans le Sud de la France, où il rencontre Geneviève Bonicel, qui deviendra sa femme. C’est l’époque d’une vie « par la foi », inspirée de celle de George Müller, où une certaine précarité se conjugue avec des réponses à la prière mémorables. M. Mochel, à l’origine de l’Église de Carpentras, compte parmi ses soutiens.

En 1979, OM demande à Chris de revenir en région parisienne, pour prendre la tête d’une vaste initiative d’évangélisation appelée « Espoir pour les années 80 ». Avec Geneviève, il devient membre de l’Église protestante évangélique d’Ozoir-la-Ferrière en Seine et Marne ; il sera nommé pasteur à mi-temps en 1987. Ozoir était l’une des sept Églises fondatrices de l’Alliance baptise évangélique de Paris est et nord (ABEPEN). En 1987 toujours, Chris quitte OM pour faire équipe avec David Dixon pour son autre mi-temps, en tant que directeur de l’extension de l’ABEPEN. Sous leur impulsion, le projet « Marne-la-Vallée 2000 » voit le jour, pour regrouper l’effort missionnaire et créer de nouvelles Églises dans cette région de l’Est parisien, où des entreprises d’envergure comme Eurodisney s’installent et où la population s’accroît rapidement. En l’an 2000, le chiffre visé de vingt-cinq Églises au total pour l’ABEPEN n’est pas atteint. Mais, et ce n’est pas négligeable, six nouvelles Églises et deux Églises indépendantes se joignent au groupe.

Les Églises de l’ABEPEN, fondées par des missionnaires de langue anglaise, étaient à la recherche d’une identité française et d’une union d’Églises qui leur donnerait des racines historiques et une certaine profondeur théologique. En relation avec l’AEEBLF, Chris participe en 1990 à la prise de contact, puis à l’approfondissement des relations, et, pour finir, à l’adhésion de chacune des quinze Églises de l’ABEPEN . Pasteur de l’Église d’Ozoir, puis de la nouvelle Église de Pontault-Combault, Chris sera invité au Conseil de l’Association de 1996 à 2016.

Aujourd’hui, fin 2021, le mariage entre ces deux familles d’Églises semble aller de soi. Mais à l’époque, il y avait parfois, en coulisses, des grincements de dents. Chris a son franc-parler. Il refuse d’opposer l’enseignement à la croissance, la qualité à la quantité. Son style direct et enthousiaste est pris pour du simplisme par ceux qui ne comprennent pas son souci de communiquer clairement. Il ne laisse pas apparaître son ancrage biblique, la richesse de ses lectures et la multiplicité des entretiens qui préparent sa réflexion. S’il est en butte à un humour parfois à double tranchant, il se tait. Visionnaire, il anticipe les étapes par lesquelles il faudra passer pour arriver à tel but. Il doit réconcilier son envie d’aller vite et loin et la nécessaire patience envers ceux qui ont de la peine à le suivre.

L’Église qu’il a fondée à Pontault-Combault est sans doute aujourd’hui la plus grande de l’AEEBLF, et peut-être la plus grande Église évangélique de France en dehors des milieux pentecôtistes et charismatiques. Chris a su discerner le potentiel de Manu Renard pour porter l’Église plus loin : il l’a fait venir de Nantes, il a assuré son intégration dans l’équipe de responsables, et il s’est ensuite retiré de toute responsabilité dans l’Église. À l’heure de la retraite, il s’est investi dans la mission en Afrique et dans le conseil auprès de nos Églises qui veulent discerner les nouvelles étapes de leur croissance. Passer le relais(*), tel est le titre du livre où il raconte sa vie à l’intention d’abord de ses petits-enfants.

À l’heure où j’écris ces lignes, Chris livre son dernier combat contre un cancer qui résiste aux traitements. Serein, il commence à faire ses adieux aux uns et aux autres. Il n’a pas changé. Il voit loin. Il veut passer le relais.


(*) Passer le relais (juin 2021), ouvrage à compte d’auteur, à commander sur Amazon ou à demander à l’Église protestante baptiste, Pontault-Combault Pré-fusé, eglise-baptiste.net.

Article paru dans :

décembre 2021

Rubrique :
Association baptiste
Mots-clés :
Association baptiste

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