PAR : Marc Schöni
Pasteur, Église évangélique baptiste de Court

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À l’occasion du centième anniversaire, voici l’itinéraire d’un homme qui a marqué l’Association, notamment, mais pas uniquement, en Suisse.

Henri Weber est né en 1903 à Court, village du Jura bernois où existait déjà, depuis peu, le premier noyau de l’Église baptiste. Lui-même a été élevé dans l’Église réformée, à laquelle la quasi-totalité de la population du village se rattachait. L’Église baptiste, en forte croissance numérique depuis ses débuts, organisait régulièrement des séries de réunions d’évangélisation. C’est lors d’une de ces réunions qu’Henri, aux alentours de ses quinze ans, s’est ouvert à la grâce de Dieu pour les pécheurs. Sa conversion a été suivie de son baptême, qui représentait un « re-baptême » et donc une rupture de communion du point de vue de l’Église réformée dont il était issu.

portrait d'Henri Weber

Nouveau membre, le jeune Henri s’est impliqué dans la vie de la communauté. Son zèle et ses multiples talents ont fait qu’on lui a très tôt confié des responsabilités. L’Église n’avait pas encore eu de pasteur rémunéré ; le serviteur qui l’avait accompagnée à ses débuts, l’agriculteur-évangéliste Charles Saucy de Moutier, avait émigré en Oregon en 1910. Un collège d’anciens bénévoles assumait les ministères de direction et d’enseignement dans l’Église. Or, ces anciens étaient pris par leurs responsabilités professionnelles alors même que l’Église poursuivait sa croissance numérique. Le conseil d’anciens a donc encouragé le jeune Henri Weber à se former. Après une courte période dans un institut biblique, il a passé quelque temps à Nîmes auprès de Robert Dubarry. Ce fut le début d’une amitié profonde et durable avec Frédéric Jalaguier, alors jeune pasteur à Nîmes. Henri Weber a encore suivi une année académique au Pastors’ College (collège Spurgeon) à Londres. Revenu à Court au printemps 1927, il a d’abord servi l’Église bénévolement pendant six mois, puis à l’automne, il a été appelé au ministère pastoral rémunéré.

En 1931, il a épousé Jeanne Saucy, fille de Charles Saucy, figure fondatrice des Églises de Moutier et de Court. Il avait fait la connaissance de Jeanne à Londres alors que, missionnaire américaine en Belgique, elle étudiait au collège Spurgeon. Cette femme aux dons remarquables et d’une grande humilité a été un soutien précieux dans le ministère, jusqu’à sa mort prématurée en 1948. Henri et Jeanne ont eu cinq enfants. Après quelques années de veuvage, Henri a épousé Jeanne Gentizon.

Église de Court

Henri Weber a exercé le ministère pastoral à Court pendant quarante-et-un ans et il a été membre de la Commission administrative (C.A.) de l’Association pendant quarante ans (depuis 1928). Comment caractériser son ministère ? Dans les premières années, on l’appelait « le frère Henri Weber », le frère le plus actif, parce que rémunéré, dans une équipe d’anciens expérimentés. Dès les années quarante, on se réfère à lui comme « le pasteur » (sans le nommer). Il a toujours été collégial et il a encouragé nombre de jeunes hommes à se lancer dans différents ministères, y compris de prédication. Mais étant zélé et doté d’une forte personnalité, il a imprimé sa marque et laissé le souvenir du pasteur omniprésent dans la vie de l’Église. Comme toutes les fortes personnalités, il a eu ses admirateurs et ses détracteurs. Mais l’Église n’a jamais été divisée au cours de son ministère, car il a gardé le sens de l’unité et de la fraternité… avec une pointe d’humour.

Dévoué au ministère local dans toutes ses dimensions (évangélisation, édification, visites), il rayonnait aussi à l’extérieur. Il était très demandé comme orateur évangéliste. Il a eu à cœur les implantations d’Églises en Suisse ; s’il y a une Église baptiste à Bienne, ses encouragements y ont contribué même si l’initiative était locale et l’Église baptiste de Genève, où il a pressenti Guy Appéré comme implanteur, remonte à son impulsion. Au sein de la C.A. de l’Association, Robert Dubarry et Henri Weber formaient une paire contrastée et complémentaire. Autant l’un était prudent et mûrissait longuement les décisions, autant l’autre savait prendre des initiatives rapides, parfois osées. Henri Weber partageait avec quelques autres pasteurs de l’Association un souci appuyé de l’évangélisation et de l’extension.

En 1958, un AVC l’a laissé hémiplégique. Il a repris le ministère à fond, tout en diminuant ses engagements hors Église locale. C’est ainsi qu’il a décliné la proposition de succéder à Robert Dubarry comme président de l’Association en 1960, tout en restant membre de la C.A. Il est décédé soudainement d’un infarctus en juillet 1968. L’Église de Court, sous le choc, a dû se réinventer, les anciens se réinvestir, et les ministères pastoraux qui ont suivi ont été de profils et de styles très variés.

Henri Weber, par la grâce de Dieu, a tracé un long sillon, mais c’est le sillon de l’amour divin qui continue de s’allonger, avec une multitude d’acteurs, connus ou anonymes.

Article paru dans :

juin 2021

Rubrique :
Spécial
Mots-clés :
À Bible ouverte

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