PAR : Léo Lehmann
Membre du comité de rédaction, pasteur, Le Cépage, Bruxelles-Ganshoren

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Nos repères
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Dans le hors-série des Cahiers de l’École Pastorale consacré au conseil d’Église que nous parcourons depuis quelques mois dans cette rubrique(*), le professeur et pasteur Frédéric Rognon propose également une réflexion sur ce que pourrait être une « méthode évangélique du conflit » (p. 65-70).

La réalité des conflits

C’est un fait qui ne plaît à personne, mais les conflits existent bien et peuvent miner la vie de nos communautés. « Prétendre que l’Église devrait être exempte de conflits, c’est confondre l’Église et le Royaume » (p. 68). Nier les conflits ne fait que les compliquer. Au contraire, il faut pouvoir les aborder avec amour et sérieux. Ils sont aussi une école où nous pouvons apprendre à reconnaître nos torts, nous pardonner et nous réconcilier.

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Quelques pistes préventives

Il vaut cependant mieux prévenir que guérir. Frédéric Rognon propose cinq pistes pour cela. (1) La clarification des rôles de chacun vient en premier. Nos Églises et nos conseils ont des fonctionnements variables, mais quels qu’ils soient il importe que ceux-ci soient clairs pour faciliter le travail commun. (2) Mieux se connaître personnellement, au moyen de contacts divers tels que par exemple des repas pris ensemble, peut également prévenir certaines incompréhensions. (3) La prière régulière les uns pour les autres permet tout spécialement d’exposer notre regard les uns sur les autres à la lumière du Seigneur. Prions pour ceux avec lesquels nous collaborons ! (4) La manière dont nous nous parlons importe grandement. Les non-dits sapent inévitablement les relations mais les mal-dits peuvent aussi évidemment leur porter préjudice. Les deux écueils doivent être évités. Frédéric Rognon attire notre attention du côté de la communication non-violente pour nous aider à formuler nos difficultés. (5) Notre façon de décider, finalement, contribuera à éviter des conflits potentiels. Le consensus doit être favorisé, mais il ne faut pas se laisser abuser par des pseudo-consensus.

Conflit d’objet ou de personne

Des désaccords dans la vie d’Église peuvent survenir à tout moment. S’ils sont entendus et traités fraternellement, ils peuvent être très constructifs. Mais on passera du désaccord au conflit si les désaccords sont niés ou si le dialogue à leur sujet ne peut pas être établi.

Avant d’aborder les méthodes de résolution du conflit, Frédéric Rognon attire notre attention sur une distinction qui peut aider à faire la part des choses : un conflit d’objet (sur une question précise débattue, un comportement, un projet) ne doit pas nécessairement devenir un conflit de personnes. Et si les choses ont déjà dégénéré en conflit de personnes, ramener le problème aux objets précisément en cause nous fera progresser vers la solution.

Quelques méthodes curatives

La première méthode de résolution proposée, dans la droite ligne des Évangiles (cf. Mt 18.15), est simplement celle du dialogue avec l’autre partie. Cette procédure de bon sens peut résoudre bien des malentendus rapidement en nommant les difficultés et en entendant l’autre. Une autre méthode consiste à faire intervenir une tierce personne pour lui permettre d’éventuellement rééquilibrer notre perception de la situation. Troisièmement, dans le cas d’un conflit plus lourd, Frédéric Rognon présente brièvement la possibilité de faire intervenir un médiateur, ici dans le sens plus professionnel du terme : une personne qui « n’est pas là pour trancher, mais pour aider les personnes à trouver elles-mêmes les solutions » (p. 69).

Les bénéfices secondaires

Si nous avons là de très bonnes pistes, l’auteur ne se fait pas d’illusions sur le fait que certaines situations dépassent le cadre de ces méthodes. Il souligne notamment en conclusion que le conflit peut fournir à certaines personnes des bénéfices secondaires qui empêchent la recherche d’une solution constructive : besoin de reconnaissance, peur du changement, recherche d’identité ou besoin d’entre-soi peuvent être autant de motifs.

Pour aller plus loin

Le sujet est vaste et l’article reste bref. Pour qui souhaite (ou doit) creuser ces questions, on lira avec profit l’ouvrage Gérer les conflits dans l’Église que Frédéric Rognon a consacré à ce sujet. L’auteur développe très amplement le sujet et offre de nombreuses réflexions pratiques. Pour explorer encore davantage ce que nous vivons dans les conflits et leur résolution, on pourrait commencer avec Le pardon et l’oubli, de Jacques Buchhold, ou La colère et le pardon, de Jacques Poujol. ■


(*) Les Cahiers de l’École pastorale (Croire publications, Paris), hors-série n°16, 4e trimestre 2014.

Gérer les conflits dans l’Église, Frédéric Rognon (Olivétan, 2014)
Le pardon et l’oubli, Jacques Buchhold (Edifac-Excelsis, 2002)
La colère et le pardon, Jacques Poujol (Empreinte, 2008).

Article paru dans :

juin 2020

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Églises

L'Église protestante évangélique baptiste de Saint-Sébastien-sur-Loire

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