PAR : Yves Gabel
Membre du Conseil de l’Association baptiste, pasteur, Chapelle protestante baptiste, Jemeppe-sur-Meuse

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À Bible ouverte
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« D’où me viendra le secours ? » Qui dans sa vie n’a jamais rencontré des épreuves le ramenant à cette question fondamentale du psaume 121 ?

Comme nous, bien des personnages de la Bible se sont interrogés : Habakuk, Jérémie, Job, David, et bien d’autres… Comme nous, ils ont vécu sans nécessairement comprendre pourquoi, lorsqu’ils criaient leur détresse à Dieu, ils ne recevaient que l’écho de leur voix et non la réponse tonitruante de l’Éternel.

Le psaume 121 fait partie des quinze psaumes, de 120 à 134, décrits comme « Psaumes des montées » utilisés lors des pèlerinages des trois grandes fêtes à Jérusalem. On montait en priant ces psaumes vers Jérusalem et son Temple, centre religieux du royaume d’Israël. Notre psaume, le deuxième de cette série, répond en quelque sorte au psaume 120 qui implorait la délivrance : le secours vient de l’Éternel ! D’accord. Mais pourquoi ? J’ai recensé quatre réponses du psaume à cette question.

Parce que Dieu est le Dieu de la création tout entière… (versets 1-2)

Seul celui qui est le Dieu créateur (YHWH(*)) peut offrir un secours véritable et définitif. En effet, pour que le secours soit réel, efficace, il doit nécessairement me venir de l’extérieur, d’un ailleurs immaculé où le péché n’a pas de prise. Il ne vient pas de mon humanité abîmée (ou de celle de l’autre). Seul un être au-dessus des aléas et circonstances de ce monde déchu peut apporter un secours entier, efficace et durable.

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Seul un être qui préside aux lois régissant tout l’Univers et nous-mêmes, un être qui est l’essence de tout et qui connaît chacun mieux que lui-même peut réellement influer sur notre vie, notre détresse, notre devenir et nous rendre espérance et joie. Seul l’être qui nous a créés à son image et sa ressemblance et qui a insufflé la vie en nous est à même de l’entretenir pour que la vie soit encore vibration, mouvement, transformation.

Parce que Dieu est le Dieu de l’histoire (versets 3-4)

Le Dieu d’Israël n’est pas le Baal endormi de 1 Rois 18.27, mais celui qui a toujours pris soin des individus et du peuple tout entier et qui a toujours délivré son peuple et l’humanité tout au long de l’histoire. Au v. 4, le pléonasme « ne sommeille ni ne dort » exprime la certitude du psalmiste que ce Dieu-là est un Dieu agissant et pas une idole de bois ou de bronze, sourde et inerte.

Ce Dieu est le Dieu de l’histoire parce que, dès l’origine, il tient le monde dans sa main et il le conduit vers la gloire du Royaume qui vient, vers ce nouveau monde où il n’y aura plus de mal et de souffrance. Et en Jésus, Dieu a décidé de traverser l’épreuve avec nous, pour nous.

Ainsi, dans toutes les circonstances de notre vie, nous devons être assurés que Dieu est toujours présent, qu’il se préoccupe de nous et qu’il envoie toujours quelque chose ou quelqu’un pour nous aider. Il ne nous abandonne pas et il ne nous délaisse jamais. En revanche, il nous faut reconnaître de quelles façons Dieu vient à notre secours ! C’est souvent là que nous manquons de perspicacité, de clairvoyance et de discernement. Nous nous installons alors dans la plainte, le gémissement, la victimisation.

Parce que Dieu est le Dieu de chaque être humain (versets 5-6)

Dieu est le Dieu de tout être humain, de chaque personne au monde, le Dieu de tout individu. Il ne fait ni favoritisme ni élitisme. Il ne connaît pas de frontières de langue, de culture, d’appartenance ethnique ou de couleur de peau. Tout humain, en révolte ou sauvé par grâce, fait l’objet de l’attention bienveillante du Dieu de l’Univers.

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D’où me viendra le secours ? L’incroyant aussi est à même de se poser cette question. Lorsque l’avenir n’a rien d’engageant, il s’interroge aussi sur sa destinée terrestre ! Où trouver la sortie de secours ? Il voudrait croire que sa vie puisse prendre un autre tournant mais se retrouve à penser qu’il est pratiquement impossible qu’un tel miracle se produise ! Cette vie sans espérance n’est-elle pas déjà un pas vers la mort ?

D’où me viendra le secours ? Chrétiens ou non, nous entreprenons tous la même démarche positive :

  • La prise de conscience de notre état de mal être et de souffrance, la prise de conscience du « manque » de quelque chose dans notre vie ;

  • Le fait de « lever les yeux », de chercher du secours, un secours approprié, un secours sur mesure, adapté à chacun, pour notre vie, pour notre devenir.

L’absence de solution conduit l’individu à extérioriser son angoisse, à crier son désarroi, car il est alors devenu évident qu’il est impossible, humainement, d’avoir la moindre espérance. Pourtant, de l’énergie du désespoir, si mortifère soit-il, peut encore surgir cette formidable étincelle de vie qui pousse l’être dans la tourmente à crier de tout son cœur : « D’OÙ ME VIENDRA LE SECOURS ? »

Pour le chrétien, il n’y a plus de situation totalement désespérée à partir du moment où, à la question « d’où me viendra le secours ? » se substitue la confiance en celui « d’où me vient mon secours » ! Cette assurance s’enracine en nous à mesure que nous prenons conscience de l’amour de Dieu à notre égard, amour toujours correctif et constructif, destiné à nous amener plus près de lui, plus dépendants de lui. S’il lui arrive d’agir en nous faisant passer par le feu de l’épreuve, il le fait parce qu’il nous connaît parfaitement et qu’il sait que par le test de notre foi nous serons enrichis.

En clair, celui qui garde Israël est celui qui te garde en tout temps, le jour comme la nuit, contre toute adversité. Cela ne veut cependant pas dire que Dieu nous épargnera magiquement les épreuves de la vie dans un monde déchu.

Parce que Dieu est le Dieu de l’Éternité (versets 7-8)

L’Éternel garde de tout mal(heur), y compris face à la perspective d’une mort naturelle ou violente. Je pense ici spécialement à ceux de nos frères qui sont persécutés de par le monde. Il garde notre vie. Il la préserve pour ce temps et pour l’Éternité. Il garde notre vie de la conception jusqu’à la mort physique, et au-delà. Il te garde pour toujours.

Revenons un instant sur le contenu des versets 7 et 8. « L’Éternel te gardera de tout mal ; il gardera ton âme. L’Éternel gardera ta sortie et ton entrée, dès maintenant et à toujours. » L’expression « il gardera » apparait à trois reprises. Elle a donc une grande importance. Néanmoins, comme chrétiens, nous ne pouvons et ne devons évidemment pas nous attendre à être gardés de tout pour cette terre et pour ce temps. Ce qui compte suprêmement pour Dieu, c’est l’Éternité, le nouveau monde et non celui d’aujourd’hui ou le temps présent.

Quelle est donc cette protection qu’il nous accorde ?

Premièrement, il nous gardera de tout mal, de tout péché, ce qui nous permettra de vivre demain dans une communion ininterrompue avec lui. N’est-ce pas là un privilège plus grand encore que celui de jouir de bénédictions terrestres ? Quant à nos circonstances ici-bas, celles-là mêmes que nous considérons comme un mal, elles travaillent, sous sa main, pour notre bien (Rm 8.28). Elles peuvent être en soi véritablement un mal (comme la maladie), mais elles se révéleront finalement comme ayant été bonnes pour nous.

Deuxièmement, il gardera notre âme dans toutes les difficultés et tous les dangers de notre vie. Notre Dieu sait combien notre âme peut facilement être perturbée par ce qui nous arrive. Aussi y a-t-il pourvu : nous pouvons lui apporter tout ce qui nous oppresse et sa paix gardera nos cœurs et nos pensées dans le Christ Jésus (Ph 4.7). De plus, nous recevons aujourd’hui déjà le salut de nos âmes, comme fin ou but de notre foi (1P 1.9), comme une consolation permanente. Personne ne peut nous le ravir. Personne ne peut nous ravir de la main du Père et de la main du Fils (Jn 10.28,29). C’est ce que disent tous les témoins de la persécution au fil de l’histoire.

Troisièmement, ce « il gardera » embrasse l’ensemble de nos circonstances et tout notre avenir. Dieu gardera notre sortie et notre entrée, dès maintenant et à toujours. Qu’il s’agisse de nos allées et venues quotidiennes ou de notre passage de cette scène terrestre à l’éternité, il nous gardera en tout. Il nous conduira au port désiré. Quelle confiance nous trouvons là !

Peut-être beaucoup d’entre nous devront-ils encore passer par la mort, alors que d’autres – et c’est là notre espérance de chrétiens – seront vivants lors de la venue du Seigneur Jésus. Quoi qu’il en soit, notre Sauveur gardera notre sortie et notre entrée, et nous fera atteindre, de manière certaine, notre patrie céleste.

Vers la fin de sa vie, Paul, voyant la perspective du martyre s’approcher, pouvait dire, plein d’assurance : « Le Seigneur me délivrera de toute mauvaise œuvre et me conservera pour son royaume céleste. » (2Tm 4.18). Il se peut que le royaume céleste soit atteint au moyen de circonstances très éprouvantes, mais nous l’atteindrons. Notre départ de la vie d’ici-bas et notre entrée dans la vie éternelle reposent dans la main de notre Seigneur.

Il nous gardera

Peu importe le temps qui reste à courir jusqu’au terme du voyage. Peu importe notre état physique, psychique ou émotionnel. Le pèlerin profite d’une pleine protection aujourd’hui comme demain, une protection illimitée contre tout véritable danger. « L’Éternel te gardera de tout mal », physique, émotif, spirituel. Il te gardera en tout temps, « de ton départ à ton arrivée ». Pour combien de temps ? « Dès maintenant et à toujours. »

N’est-ce pas trop beau pour être vrai ? Avons-nous vraiment été protégés de tout mal jusqu’à maintenant ? N’avez-vous pas eu parfois l’impression que Dieu dormait ? Comment se fait-il que nous ayons tant de difficultés à surmonter s’il nous protège de tout mal ?

Écoutons l’apôtre Paul : « Qui nous séparera de l’amour de Christ ? La tribulation, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou le dénuement, ou le péril, ou l’épée ? » (Rm 8.35). Aucun de ces dangers n’a été épargné à Paul. Il a été persécuté, il a connu des angoisses, la faim… La vraie question est la suivante : qui nous séparera de l’amour de Jésus-Christ ? RIEN, rien ni personne ne pourra nous en séparer ! Le chemin est raboteux, les dangers sont réels, des accidents se produisent. Pourtant, nous serons tellement bien protégés que, même au milieu des pires adversités, nous arriverons à destination.

La protection du Seigneur n’est pas comme une assistance routière que l’on appelle uniquement en cas de besoin, une fois ou deux par année au maximum. Dieu n’est pas une béquille à laquelle on a recours dans des moments de crise. L’Éternel est notre secours permanent, à chaque instant, durant la vie entière. En Jésus, toute notre vie s’appuie sur lui.

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Alors, oui, je lève les yeux vers les montagnes. Je lève les yeux vers la montagne de Golgotha. D’où viendra mon secours ? Il vient de la croix. Je lève les yeux au-delà de Golgotha. D’où viendra mon secours ? Il vient du ciel, de la droite de Dieu, là où Jésus règne aujourd’hui. Le secours me vient de Jésus-Christ, qui a fait le ciel et la terre et qui me protège aujourd’hui et pour toujours.

Prends courage ! Continue à marcher ! Il te gardera de tout mal, de ton départ à ton arrivée, dès maintenant et à toujours. Amen.


(*) NDLR. Ces quatre lettres sont la restitution du nom divin en hébreu, Yahvé selon le Bible de Jérusalem, ou encore « l'Éternel » dans d'autres traductions.

Article paru dans :

avril 2024

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