PAR : Léo Lehmann
Membre du comité de rédaction, pasteur, Église le Cépage, Bruxelles-Ganshoren

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Nos repères
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La Bible n’a pas été rédigée en français, mais en hébreu, en araméen et en grec. Bien la comprendre nécessite donc pour la plupart d’entre nous d’avoir accès à une bonne traduction. Mais comment choisir une version ? Certaines sont-elles plus adaptées à certains usages que d’autres ? Voici quelques repères pour s’y retrouver.

Le ministère de traduction de la Bible

Depuis des siècles, des traducteurs s’attellent à rendre l’Écriture accessible au plus grand nombre. C’est un service précieux qui est rendu à l’Église, et un travail exigeant. De nombreux éléments doivent être pris en compte : les langues et le contexte biblique premièrement, mais aussi bien sûr la langue vers laquelle on traduit, ainsi que la culture et le niveau de langage des personnes auxquelles s’adresse la traduction. Et toutes ces choses évoluent. Notre connaissance des manuscrits, des langues bibliques et du contexte de ces époques progresse, et notre propre langage est toujours en mouvement. Ainsi, la traduction est un ouvrage à remettre sans cesse sur le métier, et des révisions ou de nouvelles versions paraissent régulièrement.

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La fidélité à l’auteur divin

La traduction cherche à exprimer fidèlement le sens d’un texte pour un public donné. Cette notion de fidélité est d’autant plus cruciale en matière de traduction biblique : pas question pour le traducteur de corriger ou modifier ce que l’auteur a voulu dire. L’auteur est Dieu lui-même, et sa sagesse surpasse la nôtre. Le lecteur chrétien de la Bible, même s’il peut y être sensible, ne s’intéresse pas premièrement à l’habileté du traducteur. Ce qu’il recherche, c’est à entendre la Parole de Dieu. Le traducteur se met donc au service de cette Parole dans sa traduction.

Mais pour bien faire comprendre la Parole de Dieu au lecteur moderne, deux grandes approches se distinguent et se complètent : la traduction à équivalence formelle (ou traduction littérale) et la traduction à équivalence fonctionnelle (ou dynamique).

L’équivalence formelle

La première méthode cherche autant que possible à employer en français des mots et des structures de phrase équivalents à ceux trouvés dans la langue originale. Un même mot sera généralement traduit de la même manière. La Nouvelle Bible Segond est une version moderne représentative de cette méthode. Un inconvénient de ce type de traduction est le risque de conserver des formes et des expressions qui ne sont plus d’usage courant pour le lecteur, voire l’induisent en erreur. L’avantage évident d’une telle version est sa proximité plus directe avec le texte original et ses subtilités à explorer.

L’équivalence fonctionnelle

Du côté de l’équivalence dynamique, on recherche d’abord la manière la plus adaptée de faire comprendre le sens du texte au lecteur contemporain. On ne s’attache pas nécessairement à reprendre les mots de l’original. Ainsi, un même mot pourra être traduit différemment selon le contexte. La Bible du Semeur, par exemple, s’inscrit dans cette perspective. L’inconvénient d’une telle version est qu’elle impose plus au lecteur la compréhension du texte du traducteur. L’avantage est la plus grande facilité de compréhension. Pour autant que le traducteur ait bien compris le sens du passage, ce sens sera plus accessible ainsi.

Le niveau de langage

Les versions bibliques se distinguent également par le niveau de langage adopté. Certaines Bibles emploient un langage plus soutenu, telle la Bible de Jérusalem. Elles aident à saisir certaines beautés littéraires du texte. D’autres versions sont plus adaptées au langage courant. La Bible en français courant et la Bible Parole de vie se distinguent en ce sens. Admettons que la Bible n’est pas toujours facile à comprendre. Une Bible dans un langage plus simple fera peut-être l’impasse sur certaines subtilités, mais elle permettra à bien des personnes, dont notamment les enfants, d’explorer plus facilement l’essentiel du message biblique.

Comment choisir ?

L’utilisation que l’on veut faire d’une Bible déterminera en grande partie le choix d’une traduction. Au début de la vie chrétienne, une traduction à équivalence fonctionnelle adaptée à son niveau de langage paraît recommandable. On pourra par la suite se plonger dans d’autres versions pour approfondir notre compréhension du texte. Une version littérale pourra être intéressante pour une étude personnelle plus détaillée, mais se prêtera peut-être moins à une lecture publique dans le culte, voulue audible pour tout un chacun.

L’article de Timothée Minard(*) propose plus d’informations sur le sujet des différentes traductions, et on y trouve également des renvois vers des tableaux comparatifs des différentes versions.

La nécessité de comparer les versions

Quel que soit notre choix, rappelons-nous que, si bonne soit-elle, une traduction reste une traduction. Elle n’est pas le texte original, et comporte des forces et des faiblesses. À l’heure d’internet, il est devenu très facile de consulter des versions bibliques différentes. Le site bible.com, par exemple, propose plus d’une dizaine de versions françaises. Nous aurions tort de nous en priver. Nos traductions sont fiables, mais la comparaison nous permettra de mieux comprendre certains contours du texte biblique, et nous aidera à échapper aux éventuels travers de notre version favorite.

Et si vous essayiez de (re)lire la Bible dans une nouvelle version ? Peut-être y découvrirez-vous des trésors jusque-là insoupçonnés. ■


(*) http://timotheeminard.com/quelles-traductions-francaises-de-la-bible-faut-il-preferer/

Article paru dans :

juin 2019

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