PAR : Jean-Marc Bellefleur
Membre du comité de rédaction, pasteur, Églises baptistes de Mulhouse et de Saint-Louis

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Qui aurait dit que les propos de Paul et Pierre sur la sobriété auraient un jour une résonance sociétale si forte ? « Sois sobre en tout, » écrivait Paul à Timothée (2Tm 4.5). « Soyez sobres », disait Pierre (1P 5.8). Il s’agissait de rester en éveil spirituel, de ne pas se laisser capturer par les plaisirs de la vie… déjà !

Aujourd’hui, la sobriété énergétique répond à un autre souci : c’est par esprit citoyen qu’on est appelé à être sobre. Il s’agit de moins peser sur les ressources naturelles, de moins nuire à l’environnement et sur les populations qui souffrent le plus de la pollution. « L’énergie est notre avenir, économisons-la (1) », est un message obligatoire, en France, pour toute publicité relative à l’énergie.

Sobriété… Est-ce de l’austérité ? Ne s’accorder aucune joie terrestre par crainte d’oublier la céleste. La sobriété comme renoncement. Mais Jésus lui-même a changé l’eau en – bon – vin, non (Jn 2.1-11) ? Est-ce la privation forcée, le manque à endurer ? La sobriété subie, contrainte, douloureuse. Mais Jésus ne les a-t-il pas guéris, nourris, réhabilités, ces « pauvres » ?

Je propose plutôt la légèreté. Être sobre, c’est dépendre beaucoup moins des contingences et être libre des soucis qu’elles génèrent. C’est se passer sans souffrance de ce que notre société de consommation nous propose (nous impose ?). Sans pour autant rejeter le plaisir d’un bon repas en famille ou d’une bonne bière entre amis. Sans s’interdire de rire aux éclats, de vibrer à telle musique ou d’apprécier le sport. C’est éviter la lourdeur et laisser d’autant notre foi s’épanouir. C’est un art de vivre, celui du contentement et de la confiance en Dieu (He 13.5).

La sobriété biblique concernait le manger, le boire, mais aussi les possessions en général. C’est très actuel ! Alors sachons vivre dans la simplicité, sans avoir besoin des appareils les plus perfectionnés, et nous serons plus libres. Apprenons à vivre avec un ou deux degrés de moins chez nous, et nous serons mieux à des tas d’endroits. Recherchons les moyens de transport les plus « doux », même s’ils nous coûtent quelque effort et un peu de temps, et nous vivrons bien mieux que dans le « tout en voiture ».

Je me demande s’il ne faut pas que nous retrouvions plus franchement cette sobriété-là, légère, confiante, contente. Interrogeons notre quotidien !

Et puis… la sobriété est un véritable message adressé au monde qui nous entoure. Disons-lui que le bien-être a sa source non dans la dernière technologie ou la qualité d’un logement, mais à l’intérieur de nous-mêmes, plus précisément En Haut !

À vrai dire, cette sobriété se conjugue très bien avec la sobriété énergétique. Que cette dernière soit citoyenne nous convient tout à fait. Qu’en un comportement sobre, se traduise notre confiance en Dieu, notre souci des autres, sans parler de notre hommage à la création, mais alors c’est parfait ! J’insiste : il y a là un moyen d’expression de notre foi que nos Églises gagneront à explorer bien plus courageusement.


(1) Arrêté du 28 novembre 2006.

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mai 2023

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