PAR : Albert Solanas
Pasteur à la retraite, Église évangélique baptiste de Nîmes

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À l’occasion du centième anniversaire, voici une nouvelle fiche biographique d’un homme qui a compté dans l’Association baptiste.

Fernand Bonijoly naît en 1881 à Nîmes, au sein d’une famille, chrétienne depuis plusieurs générations. « Il était physiquement bien construit, mentalement très doué et moralement bien orienté par les meilleurs exemples. Largement enrichi par des providences célestes et par de fortes inclinations vers le beau et vers le bien, il disposait des éléments essentiels d’une vie modèle » dit de lui Robert Dubarry. Dès sa conversion, il se joint, en septembre 1897, à la très modeste communauté nîmoise débutante.

portrait Bonijoly

Ses qualifications scientifiques et pratiques l’orientent vers une formation d’ingénieur. Il suit donc un cursus complet à L’École des Arts et Métiers d’Aix-en-Provence. Cependant, à la sortie, il change d’orientation et prend un poste d’instituteur dans une école des « Causses », les plateaux cévenols peu peuplés qui dominent de loin la région du Vigan. Il profite de cette situation pour entreprendre une étude approfondie du grand livre de la Nature, particulièrement riche en cet endroit. Il s’emploie aussi à utiliser son temps libre pour seconder par ses messages, des serviteurs de Dieu que surchargeait la dispersion de leurs troupeaux cévenols. Cela signifie pour lui d’invraisemblables randonnées à vélo avec des retours souvent nocturnes à sa demeure solitaire. Bien plus tard, les mêmes solitudes et collaborations s’imposent à lui dans les hauteurs du Nord d’Alès.

Après dix années de montagne, il est nommé dans la plaine avoisinant Nîmes. Lorsque Robert Dubarry arrive dans cette ville, en novembre 1901, Fernand Bonijoly devient rapidement son principal collaborateur dans l’œuvre de consolidation et de développement de la petite Église baptiste.

Deux faits sont à noter. D’abord, la guerre de 1914-1918 qui voit Fernand Bonijoly dans des postes mortellement dangereux, dont il revient miraculeusement indemne, décoré et enrichi d’expériences sans nombre. Ensuite, la fondation de son foyer qui a été un modèle d’affectueuse unité et de communion, tant dans le service de Dieu que dans les relations avec le prochain.

photo de groupe

Fernand et Amy Bonijoly s’installent à Codognan, à une vingtaine de kilomètres de Nîmes, dans une jolie petite maison avec un très beau jardin que leurs visiteurs admirent chaque fois qu’ils viennent chez eux. Durant de nombreuses décennies, la distance entre le domicile et Nîmes entrave les contacts entre Fernand Bonijoly et son Église, mais son attachement à la communauté demeure exemplaire.

Tôt après sa mise à la retraite de directeur d’école (dans les années 1940), et dans l’assurance que les moyens de toute nature dont il dispose seront consacrés au service de l’Église de Nîmes, ses conducteurs (R. Dubarry et F. Jalaguier) prennent l’initiative de proposer qu’il leur soit associé comme pasteur régulier.

Fernand Bonijoly, souvent accompagné de Frédéric Jalaguier, a pu largement visiter les Églises de l’Association où ses dons et son esprit fraternel ont été grandement appréciés.

Pour ces communautés, il s’est avéré, de plus, un visiteur fidèlement régulier par ses inimitables articles du Lien fraternel qui, par le charme, la science et l’édification, l’apparentent au génie de l’entomologiste Henri Fabre. S’il ne recourt pas aux accents des versificateurs, il se révèle poète rare et bel artiste dans ses écrits. Quant à la vertu essentielle de sa parole, elle réside surtout dans une limpide et irrésistible logique.

Fernand Bonijoly a été membre de la Commission administrative de l’AEEBLF de 1947 à 1960.

article du Lien

Dans ses dernières pages du Lien fraternel, il dévoile l’intimité de sa personne si légitimement particulière par les fort justes paroles suivantes : « Il y a soixante-trois ans que je collabore avec M. Dubarry. Il y en a quarante que je travaille avec M. Jalaguier. Il est difficile d’imaginer trois individualités plus différentes, chacune avec une personnalité fortement marquée. Aucun lecteur ne me croirait si je disais que, durant ces nombreuses années, si riches en évènements de toutes sortes, nous avons toujours eu tous trois, et à tous points de vue, une identité d’appréciation. Chacun eut toujours la liberté d’exprimer sa manière d’envisager les choses, de la soutenir et, s’il ne convainquait pas ses collègues, de penser que c’étaient ceux-ci qui avaient tort. Mais nous avons continué à nous aimer. Ces deux frères m’ont supporté tel que je suis et nous avons pu travailler ensemble dans l’Église où le Seigneur nous a placés. Ni l’un ni l’autre n’a jamais essayé ni même pensé de créer une division ou un schisme au profit d’une opinion personnelle. »

Robert Dubarry dit de ce propos : « Nous eussions pu, tous trois, signer ensemble ce si réaliste coup d’œil sur notre "petite histoire", laquelle nous dicte à la fois une modestie convaincue et une vibrante reconnaissance. »

Fernand Bonijoly nous quitte le 27 mai 1964. Il nous laisse un témoignage puissant sur l’œuvre que la grâce divine lui a donné d’accomplir en faveur des Églises de l’AEEBLF.

Article paru dans :

mars 2021

Rubrique :
Association baptiste
Mots-clés :
Églises

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